Comme j’en ai déjà parlé dans une entrée précédente, j’ai une maladie psychiatrique. On utilise plus le terme fou et les psychiatres qui m’ont traité ne seraient pas contents.
La première fois que j’ai été malade, c’était en 2002. J’ai perdu les pédales quand le niveau de stress a augmenté de beaucoup dû au fait que la compagnie à laquelle je travaillais, Steltor, s’est fait acheter par Oracle. Il y a eu beaucoup de pression pour livrer avec de gros bonus si les objectifs étaient atteints. À L’époque je n’étais pas très proche de ma famille, donc j’ai commencé à être en crise sans que personne le remarque et cela a été en augmentant avec des gestes que mes collègues se posaient des questions à leurs sujets. J’ai fini par remettre ma démission dans mon délire et rester chez moi. Je ne bougeais plus de mon lit et je repassais les mêmes événements sans cesse sans être capable de faire autre chose. Je ne mangeais plus.
Après quelques semaines, les symptômes commençaient à diminuer d’eux-mêmes, mon père m’a dit de consulter un médecin. J’ai consulté un médecin dans une clinique que selon mes descriptions de ce qui m’est arrivé m’a dit de consulter un psychiatre. Il m’a fourni un billet pour la consultation. À l’époque j’habitais au centre-ville , donc je me suis présenté à la clinique de psychiatrie de l’hôpital Saint-Luc. Ma première consultation a été un désastre. Selon la psychiatre, je n’étais simplement pas à ma place chez Oracle et j’avais toute cette histoire pour mentir sur mes compétences. Après d’autres rencontres, on m’a finalement prescrit une petite dose d’antipsychotique sans diagnostic. Cela est resté là.
Je n’avais plus d’emplois et je n’ai pas été capable de me replacer. Je suis donc entré à temps complet à L’UQAM à temps plein à l’automne 2003. Je n’avais pas arrêté de prendre l’antipsychotique.
Ma deuxième crise est arrivée à l’été 2004. J’habitais chez ma soeur, et elle m’a apporté à l’hôpital Saint-Luc où j’étais suivi. La psychiatre a pu me voir en état de crise. Pour elle, j’étais un cas léger comparé à sa clientèle habituelle du centre-ville. Augmente la dose, rate la session d’université d’été et après quelque semaine j’étais en mesure de reprendre à la session d’automne.
Ma troisième crise est arrivée en 2007 lorsque j’avais un emploi très stressant. Rendu à ce moment j’habitais à Verdun dont les soins psychiatriques étaient fournis par l’hôpital Douglas. J’ai donc été à l’hôpital Douglas. Ce choix d’aller à cet hôpital a été bénéfique pour moi. J’ai été interné 2-3 semaines et j’ai été en convalescence pendant 2 mois chez moi après. Ce coup-là, je n’avais pas démissionné donc j’avais des assurances. On m’a prescrit d’autres antipsychotiques, donner un diagnostic d’épisode psychotique bref avec comme élément déclencheur le stress, augmenter la dose et j’ai recommencé à travailler dans le même emploi. En 2008, quelque mois après la première crise je rechute parce que j’avais arrêté la médication (ce que je n’ai jamais refait après).
Encore une fois, j’ai été interné, la dose augmentée et en convalescence. Je suis revenu à l’emploi et quelques semaines ensuite j’ai été mis à pied pendant la récession. J’ai trouvé un autre emploi à l’été 2009, octobre 2009, je fais une rechute. Encore une fois interné. Je n’avais pas arrêté la médication. Cette fois des membres de ma famille qui ont des troubles psychiatriques et qui sont stables sont intervenus auprès du psychiatrique pour dire la médication qu’ils prenaient et le psychiatre m’a prescrit cela. J’ai été interné plus longtemps, les psychiatres et ma famille se demandaient si j’allais revenir à la normale. Avec le changement de médicament et de dose, je suis revenu à la normale.
Dans un côté de ma famille, il y a un historique de problèmes mentaux depuis des générations. Je n’en parle pas parce que je ne veux pas révéler c’est qui et je ne sais pas s’ils sont prêts à le dire publiquement.
Tout cela pour dire que je n’ai pas fait de rechute depuis 2009. C’est sûr que je ne cherche pas un emploi ultra stressant. Je suis capable de supporter un certain niveau de stress sans problème, mais je ne cherche pas à ambitionner à ce niveau-là.
Je dois admettre qu’à l’hôpital Douglas, les psychiatres et les intervenantes avaient comme but de me remettre au travail pour continuer une vie normale. Ce que je réussis à faire depuis 2009. Ils n’ont jamais parlé de laisser tomber, ou que je ne pourrais plus jamais travailler. Je suis un succès de l’hôpital Douglas et j’en suis content. Même que de temps en temps, je fais des dons à la fondation Douglas.